La zoothérapie: Les chiens donnent un coup de patte aux médecins
Séance de zoothérapie à la maison de retraite Korian Magenta. Dans le 10e arrondissement de Paris, le 8 avril 2011. — A.Gelebart / 20 Minutes
Elle est attendue de pied ferme: tous les vendredis, Vanie rend visite à trois résidents de la maison de retraite Korian Magenta, dans le 10e arrondissement de Paris. Pendant une heure, en compagnie de cette chienne golden Retriever et de son maître. Baudouin Duriez, président de l’AFTAA, anciennement AZP (Association de zoothérapie de Paris), les personnes âgées travaillent leur mémoire et la psychomotricité. Mais surtout prennent plaisir à caresser le chien, à le regarder, à lui parler… Une thérapie efficace cachée derrière une boule de poils.
Un cérémonial bien réglé pour retrouver ses marques
«J’ai besoin que vous me donniez un coup de main pour éduquer Vanie: il faut qu’elle dise bonjour avec la patte droite, pas la gauche.» Le cérémonial est bien réglé: Simone, 69 ans, et Marguerite, 86 ans, s’appliquent à respecter les consignes de Baudouin Duriez. Un petit résumé des épisodes précédents permet de remettre en mémoire des informations sur la chienne. «Elle a six ans, elle est de couleur sable et son ventre est couleur porcelaine. Son anniversaire est le 18 mai», se souvient parfaitement Simone.
Pendant les seize séances de zoothérapie, étalées sur quatre mois. Le même intervenant et le même chien retrouvent les mêmes résidents, toujours à une heure et un jour fixes dans la semaine. «C’est un repère pour les personnes âgées, explique Baudouin Duriez, un des trente zoothérapeutes qui exercent en France. L’intervention est perçue comme une animation, on ne leur dit pas qu’il y a un objectif thérapeutique.»
Le chien peut faire tomber des barrières psychologiques
Pourtant, grâce à des jeux simples comme lancer la balle dans un cerceau pour que Vanie «fasse du sport» ou localiser les différentes parties du corps du chien les yeux bandés. La zoothérapie permet de «conserver les acquis et ralentir la chute des fonctions» chez les personnes âgées. « Avant, on faisait les mêmes exercices avec du petit matériel, explique Cécile, psychomotricienne, mais les gens prennent plus de plaisir avec le chien.»
«Le chien est un médiateur hyper-puissant, renchérit Baudouin Duriez. Il permet de créer des accroches affectives et émotionnelles qui vont stimuler les personnes traitées.» Face à l’animal, des barrières psychologiques peuvent même tomber. Comme ce fut le cas pour Simone: « Elle a de plus en plus confiance en elle, elle s’ouvre aux autres et a réussi à verbaliser certaines choses de son vécu qu’elle n’avait jamais dit aux psychologues», se réjouit Cécile.
Pressées de revoir Vanie la semaine suivante
Dessiner schématiquement le chien les yeux fermés ou visualiser sa position juste en le touchant… Simone et Marguerite font de leur mieux pour réussir ces exercices. Vanie, bonne pâte, se laisse manipuler. «On ne prend que des chiennes car elles ont un comportement adapté à la zoothérapie. Les golden retriever sont d’une taille permettant des mouvements de grande amplitude, d’une couleur claire visible des personnes qui ne voient pas très bien, et ont le poil long, ce qui est plus agréable quand on les caresse», explique Baudouin Duriez. Les quatre chiens de l’AZP ont été formés spécifiquement pour la zoothérapie après une courte carrière de chiens d’aveugles.
«Elle est belle, cette chienne», répète Marguerite alors que la séance s’achève. Le rendez-vous est déjà pris pour la semaine suivante. Quand Cécile veut faire dire à Simone le jour de la semaine où elle reverra Vanie, elle obtient une réponse inattendue mais qui sonne de manière particulière dans la bouche d’une dame âgée. «-Quand Vanie est là c’est que nous sommes… -Là.»
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